Noms-Nombres
Avoir plusieurs noms pour être nombreuse.
Pour explorer ma propre diversité : oublier pour un temps ma langue maternelle, choisir l’anglais ou le russe, la langue des signes ou l’espagnol. Changer de langue pour m’entendre autrement et par les interstices de la grammaire nouvelle voir d’autres couleurs du jour. S’accorder à l’autre par la tonalité. Prendre un bain d’une langue inconnue pour découvrir en moi l’effet de sa résonance. Me jouer de l’identité pour mentir vrai à mon aise.
Mon tout premier pseudonyme je l’ai eu en Russie mais il n’est pas devenu un nom de plume.
Clarily Bo
Mon premier avatar est né en Inde il y a quatre ans. Elle s’appelle Clarily Bo, elle écrit en français et en anglais. À travers elle, j’ai exprimé en poèmes ce qui me saisissait au jour le jour. Clarily Bo prend des photos comme on capture des instants. C’est une aventurière. Elle explore l’infiniment petit dans les brins d’herbe ou le vertige du ciel. Elle a une règle du jeu : écrire à partir d’une photographie, un instantané, un poème qu’elle livre dans l’urgence, sans repentir, pour toucher à ce qui, dans la seconde, lui a fait signe.
Animal·e ou végétal·e
Se métamorphoser pour changer de genre, changer d’état et pourquoi pas changer d’être. Devenir poreuse au point d’entendre la voix d’un tigre, les pensées d’une pie, les souvenirs d’un arbre. La biologie reconnaît la sensibilité des animaux, des plantes. À travers la sensibilité, la mienne, chercher à m’éloigner de mon rivage d’humaine pour s’approcher du vivant, dans son étrangeté. Pour s’apprivoiser sans tenter de le ramener à moi, à mes fonctionnements humains. Y découvrir des ressources pour être et des sources pour écrire, danser.
Mon second avatar s’appelle Carbon Crow, c’est une pie mâle. Il est le rédacteur inventé de L’Histoire de Georges. J’apprends beaucoup auprès de lui car il est bien plus dégourdi que moi.
Et après ?
J’imagine que je ne vais pas m’arrêter là… C’est une affaire à suivre…