« Si un jour,
une pierre te sourit,
iras-tu le dire ? »

Guillevic

J’ai aimé ce poème. (Merci M.)
Puis j’ai pensé : une pierre m’a souri, des pierres m’ont souri… et je ne l’ai pas dit.

Pourtant j’ai envie de le dire, j’ai envie de courir pour le dire.

Septembre – première hutte de sudation.
Menés par la voix tendre et puissante de notre guide-louve, nous passons les portes des directions, en commençant par l’Est. Chaque Esprit de chaque direction vient nous ensemencer le cœur de nos propres histoires et de celles du Monde. Ce sont les ancêtres pierres qui content.

Nos grand-mères et nos grands-pères, les pierres.

Jamais auparavant je n’avais considéré les pierres avec tant d’intimité. Ivres de la chaleur du grand feu, elles sont entrées, une par une. Plus de trente pierres. A chaque porte, une nouvelle assemblée minérale a apporté le poids de sa présence.

Dans l’obscurité du ventre où nous étions, leurs sourires rougeoyants ouvraient des espaces tendres, des gouffres apeurés, des blessures anciennes comme le début du monde.
Toujours la voix-louve nous portait, toujours la terre nous accueillait, elles nous guidaient vers la transformation et les pierres éteignaient peu à peu leur sourire transmis à notre chair – qui est la forme en mouvement que prend notre esprit.

Depuis je regarde les pierres. Je les regarde en face. Droit dans leur sourire.