Immersion à Kochi : quand la littérature crée du lien
Le mois de janvier a filé comme une danse, rythmé par les échanges et la créativité. Une semaine à Kochi m’a plongée dans l’effervescence de l’université Sacred Heartet de l’école Ashoka World School. Aux côtés des étudiants et étudiantes, les mots ont pris forme, les idées se sont entrecroisées, témoignant d’un profond désir d’interaction. Ces rencontres ont confirmé à quel point la littérature demeure un espace vivant d’échanges et d’ouverture sur le monde.
Poésie et calligraphie : une rencontre artistique inédite
Un des moments marquants de ce séjour fut ma rencontre avec Prajwal Xavier, un calligraphe au talent remarquable. Ensemble, nous avons initié une collaboration enrichissante où la poésie et la calligraphie au Kerala se sont entremêlées dans une carte blanche proposée par l’Alliance Française de Trivandrum à l’occasion de son 45e anniversaire. Ce projet est une belle opportunité de dialogue entre l’art du geste et celui des mots. Bientôt, nous dévoilerons le résultat de cette collaboration ! Une performance a eu lieu le 25 janvier à l’annexe de l’Alliance Française à Kochi, au Chavara Center, en présence de Son Excellence l’Ambassadeur de France en Inde, M. Thierry Mathou, et de M. le Consul général de France à Pondichéry et Chennai, M. Étienne Rolland-Piègue.
Dans cette même dynamique, j’ai rejoint la délégation française au Kerala Literature Festival à Kozhikode, le plus grand festival littéraire d’Asie, où la France était l’invitée d’honneur. L’événement baignait dans une effervescence intellectuelle captivante, nourrie par des discussions d’une grande richesse qui incitaient à la réflexion et au questionnement. Une expérience stimulante, rythmée par des échanges avec des intervenants de renom, parmi lesquelsEsther Duflo et Vishal Vasanth, un jeune penseur indien à l’analyse aiguisée. Lors du Kerala Literature Festival, j’ai eu l’honneur de rencontrer M. Mukundan, grand auteur de la littérature malayalam. Il parle français, et ce fut une joie d’échanger avec lui.
De la rencontre à la création : un poème en préparation
Pour ma part, j’étais engagée dans ce festival grâce à l’Alliance Française de Trivandrum avec pour mission de collecter des impressions sur la France et sur les 45 ans de l’Alliance Française… afin d’en faire un poème ! Oui, oui… mais je vous en dirai davantage dans un prochain article.
Cap vers février : de nouvelles aventures en perspective
Après ces semaines intenses, le retour à Trivandrum et une courte respiration de deux jours permettent de repartir avec dynamisme vers un mois de février prometteur. Ce voyage littéraire en Inde continue ! Découvrez mon projet et mon livre A Dancing Cow pour en savoir plus sur mes explorations artistiques et mes rencontres culturelles. »
Et vous, quel est votre rapport à la création collective ?
Avez-vous déjà ressenti cette urgence d’échanger, de transmettre et de créer ? J’aimerais beaucoup découvrir vos expériences et ressentis en commentaire !
Le voyage commence bien avant l’atterrissage. Il démarre dès le trajet vers l’aéroport, ce sas où je laisse en suspens les activités de France. Bien sûr, je resterai en lien avec mes proches et mes projets. Mais une fois en Inde, le présent prendra toute la place. Comme une eau de jouvence, il me baignera d’intensité et de ferveur.
Quand je suis en France, je regarde vers le soleil levant et je sais l’heure qu’il est en Inde. Deux fuseaux horaires inscrits sur mon écran. Mais ici, même mon téléphone a décidé de faire disparaître l’autre fuseau… Il n’y a que le présent.
Premiers pas en Inde : escale et immersion
Je fais escale à New Delhi. Passage à l’immigration, et déjà le bain linguistique : anglais, hindi… et d’autres musiques encore, inconnues. Je m’essaie à l’hindi que j’ai commencé à apprendre.
Puis vient Kochi, où j’arrive de nuit. La ville est calme pour m’accueillir. Une nouvelle langue aux accents tendres : le malayalam. Je le comprends un peu, mais c’est surtout son flux de rivière qui me touche, enveloppant comme des bras de mère.
Premier repas : une renaissance sensorielle
Un hôtel, et mon tout premier repas. Une chambre ordinaire, une cuisine excellente. Ce repas… un tapis rouge déroulé pour ma joie. Un an que ma peau, ma langue, mon nez ne s’étaient pas réjouis autant… Manger avec la main droite, mélanger la nourriture, sentir la chaleur sur la pulpe des doigts. Tout mon être s’éveille.
Ce plat avait-il un goût incomparable ? Ou bien était-il magnifié par mon élan du cœur ? Assaisonné par ma joie ?
Dans cette terre indienne, je résonne pleinement. La nature épanouie du Kerala, la douceur des gens, la présence apaisante de l’eau et des arbres, le climat tropical offrent à mon corps et à mon esprit une traversée vers une renaissance.
Un élan du cœur avant de transmettre
Alors que je vais bientôt rencontrer étudiants et élèves, je me sens emplie d’un élan du cœur. Heureuse d’être ici, à ma place.
Premiers jours au Kerala : Une pause pour mieux créer 🌿
« Laissez votre vie danser sur les bords du temps comme la rosée sur la pointe d’une feuille. »
Rabindranath Tagore
En laissant agir cette phrase du poète Tagore comme un mantra, j’ai laissé la vie me guider au rythme des rencontres et des inspirations depuis mon arrivée au Kerala le 11 décembre. Les premiers jours ont été consacrés à poser les bases des ateliers et des échanges autour de A Dancing Cow – La Vache qui danse. Ce projet, né entre la France et l’Inde, tisse des liens entre cultures et invite au dialogue à travers la francophonie et l’imaginaire.
En cette période de fêtes, je me suis arrêtée à Varkala, au bord de la mer, pour une cure ayurvédique. Ce moment, dédié à la purification et au renouveau, m’aide à créer un espace intérieur propice à l’inspiration. Ici, la sérénité du lieu se mêle aux pratiques ancestrales de l’ayurvéda et du yoga. Elle nourrit mon énergie et prépare le terrain pour les étapes à venir.
La Vache qui danse est bien plus qu’un livre. C’est une aventure artistique et humaine, portée par des valeurs de rencontre et de partage. Les premiers échanges au Kerala confirment la résonance profonde de ce projet avec un désir universel de connexion. À travers les ateliers et les dialogues en préparation, je perçois l’émergence d’un véritable pont entre les voix et les imaginaires des deux cultures.
Chaque jour m’enseigne l’importance d’accueillir pleinement l’instant présent. En même temps, il m’invite à garder une vision claire de ce que ce voyage peut semer. Ces graines d’échange et de création prendront racine dans les prochaines semaines. Cela sera possible grâce aux soutiens précieux qui rendent cette aventure réelle.
Si vous souhaitez participer à cette belle dynamique, il est encore temps ! En soutenant le projet avant le 16 janvier, vous recevrez un exemplaire dédicacé du livre et pourrez suivre les coulisses de ce voyage qui s’écrit au fil des jours.
Je vous souhaite une belle fin d’année et vous donne rendez-vous très bientôt pour la suite de ce voyage.
Premier jour à Trivandrum ! Déjà je vole vers le zoo où le Docteur Alexander me réserve un accueil chaleureux.
Après un moment d’échange où l’on se donne des nouvelles des humains comme des animaux, Jacob Alexander, vétérinaire en chef du zoo, m’emmène à la rencontre des habitants du zoo.
Nouvelles têtes
Léo et Nayla, un lion et une lionne, sont arrivés récemment, dans le cadre d’un échange avec un autre zoo. Je les découvre dans deux enclos mitoyens, allongés au milieu de la verdure. Séparés par un grillage fin, ils peuvent se voir, presque se toucher.
Nayla est enceinte de Léo. L’équipe du zoo a favorisé l’union des deux lions par une observation attentive de leurs humeurs.
Aujourd’hui Nayla regarde ailleurs. Elle se désintéresse de Léo. Elle est concentrée sur les sensations de sa grossesse, la première. De l’autre côté du grillage, Léo la regarde avec insistance. Il la mange des yeux ! D’ailleurs Léo se retrouve seul car son désir pour la lionne était devenu beaucoup trop passionné. Nayla ayant perdu tout intérêt pour lui, il devenait violent… L’équipe l’a éloigné.
Je les observe : Nayla et Léo sont dans leur monde intérieur et ne cherchent pas de contact avec nous, les passants.
Retrouvailles avec Gracie
Gracie est devenu l’un des personnages principaux de mon livre Le Mystérieux carnet de Mr Carbon Crow – L’histoire de Georges, dans lequel je m’inspire de la vie du zoo de Trivandrum et des histoires que m’ont racontées le Docteur et les soigneurs.
Gracie et le Docteur
Gracie la lionne est de mauvaise humeur. Elle le manifeste au Docteur, « son » humain, celui qui veille sur elle depuis sa naissance. Elle le fixe et ses yeux sont féroces. Malgré ma surprise devant la colère de « Gracie la douce« , je ne la trouve pas effrayante.
Elle exprime la colère comme un enfant frustré, déçu. Car Gracie a tout compris ! Elle a deviné que c’est le Docteur qui a fait venir les lions. Et elle voudrait bien aller dans l’enceinte avec eux. Mais elle devine encore que c’est lui, le Docteur, qui l’éloigne, qui la met en cage. Indignation !
Voilà. Elle lui en veut. C’est tout. Alors pas question qu’il s’approche d’elle ! Elle rugit pour lui dire qu’il a intérêt à se tenir à distance. Le Docteur, lui aussi, la devine et la laisse s’exprimer, fait un pas de côté puis nous laisse en tête-à-tête.
Gracie est née au zoo de Trivandrum. Elle a perdu sa mère à la naissance. Le Docteur et les soigneurs l’ont élevée. Gracie a développé une relation particulière aux humains. Lorsque le Docteur Alexander l’appelle par son nom, elle répond affectueusement, sauf quand elle est fâchée. Comme tout être vivant sensible, Gracie a des émotions et les exprime.
Gracie et Claire
Le Docteur s’éloigne et Gracie se calme. C’est la première fois que je me trouve tout près d’elle. Je la regarde, je lui parle doucement, à voix basse. Elle me regarde. Droit dans les yeux. Quelle force dans ce regard ! Et tant à exprimer : le défi, la frustration et puis la détente. Moi aussi, je me détends. Je sens tous mes muscles se détendre alors que je me pose dans le regard de Gracie et qu’elle m’accueille.
Je m’agenouille pour être à sa hauteur. Elle a une jolie couleur jaune. Elle sent le curcuma ! Le Docteur m’expliquera plus tard qu’on utilise cette épice pour soigner sa peau.
Combien de temps restons-nous dans cette conversation muette ? Impossible à dire. Je suis le rythme que Gracie imprime à l’échange. Je m’en remets à elle, sans interpréter ces attitudes. Elle me guide dans une danse infime. Les barrières, les barreaux disparaissent dans la délicate attention que nous nous portons l’une à l’autre. Je ressens un élan d’amour infini pour elle, Gracie la douce.
Chaque arrivée au Kerala est particulière, chacune possède un goût particulier.
Et en huit ans et neuf voyages, j’ai appris à me laisser surprendre! Je ne sais pas qui sera à l’aéroport pour m’accueillir mais je sais que ce sera tendre et que si l’ami ne peut venir, il enverra un messager aussi doux que lui.
Sourires timides et celui-ci dit : « tu te souviens de moi? ». Je hoche la tête, je l’ai déjà vu au village. Il ajoute : « Welcome back! Combien de temps restes-tu? »
Bienvenue
C’est la nuit. L’avion a atterri à 18h30 et l’obscurité est déjà là.
Souvent je suis arrivée très tôt le matin quand le jour s’annonce et les rues sont vides.
Ce soir les rues sont vivantes et la lune, presque pleine, trône en majesté sur les feux colorés de la ville. La pluie la fait reluire à force de caresses constantes.
Ce soir il ne pleut pas mais les traces sont là.
Sur le tarmac la nuit m’a prise dans ses bras chauds et moites. Le taux d’humidité est si élevé qu’il donne un corps épais à l’air. Il m’enveloppe et me garde endormie jusqu’à la maison.
On se regarde dans les yeux.
Les yeux brillent comme chatoyants de pluie. On se sourit. Les vêtements que j’ai laissé en avril sont m’attendent dans la chambre. Tout est simple, tout est à sa place. Pourtant en quelques mois, il y a eu beaucoup des changements : les situations financières, le travail, la vie… Ici on ne s’attarde pas sur la tristesse.
« Combien de temps restes-tu? » Je montre sur le calendrier. Trois mois. Alors le décompte commence : je ne serai pas là tous les jours car je vais aller travailler, ailleurs, à Trivandrum ou même à Mumbai. Mais peu importe, je serai à côté, en Inde, sur la même terre, pas sur un autre continent. C’est à cela que pense Amma. Que je suis rentrée à la maison. Et moi, je me suis mise à penser pareil. On laisse un message à mes parents en France. Amma aimerait bien les rencontrer. Cela ne la gêne pas de partager.
la nuit de Siva
Le lendemain je dors beaucoup. Je me réveille par épisodes et vais goûter aux saveurs du jour : manger les dosas faits maison, marcher dans le village, écouter les oiseaux qui se manifestent avec détermination (bruits stridents, sauts jusqu’à ma porte). Entre chaque épisode, j’intègre tout ce mouvement de la vie indocile par des siestes.
Je me rassemble pour le rituel de ce premier soir : aller au temple saluer Siva.
Sur le chemin, la nuit commence à poindre, les fabuleux aigles royaux tournent au-dessus de moi et me guident vers le temple.
On ne photographie pas le temple, mais on peut photographier la statue monumentale qui a été bâtie en presque dix années. Je l’ai vu apparaître. Cela me touche de la voir se dresser dans toute sa splendeur.
La nuit est habitée par le rituel qui a duré longtemps. Une fois couchée, je ne dors pas. Par la fenêtre ouverte, un paon en liberté me tient compagnie. Il chante à chaque fois que je suis au bord de l’endormissement. « Pour qui parles-tu? Quelle énergie invisible viens-tu manifester à mes oreilles? » Inlassablement il me répond tout au long de la nuit. Je l’écoute. Je laisse mes cellules comprendre ce que mon entendement ignore.
La nuit est habitée et me parle dans une langue intime. Je m’endors alors que le jour se lève. La nuit et la lune, « Chandra », en ont décidé ainsi et je me laisse faire : je m’ouvre au feu qui brille dans la nuit.
Aujourd’hui une chronique sur l’un des personnages du livre que vous pourrez peut-être rencontrer dans la réalité si vous allez à Trivandrum (Thiruvananthapuram pour les intimes).
Qui est-il ?
Je vous laisse le découvrir. Suivez-moi…
Cher.e.s lecteur.trice.s, nous allons devoir être très silencieux. Les uns derrière les autres, et sur la pointe des pieds s’il-vous-plaît, nous arrivons bientôt.
Ah le voilà ! Chuuuuuuuut, il est concentré!
Pas facile de soigner un lion. Même si le fauve est endormi, je ne risquerai pas de m’approcher.
Être humain
Voici le personnage le plus gentil de notre histoire : le Docteur.
Le Docteur est un homme, mais pas n’importe lequel. C’est le vétérinaire en chef du zoo de Trivandrum. La classe hein!
Il habite tout près du zoo et de sa terrasse, il entend les animaux lui parler la nuit.
Dialoguer entre espèces
Dans le livre, Georges lui dit « bonne nuit » tous les soirs.
Le Docteur ne parle pas la langue des animaux, au grand dam de la lionne Gracie, mais il est tout de même celui qui les comprend le mieux.
Il paraît même que le Docteur est un bon ami de Carbon Crow ! Ah… vous ne savez pas qui est CC ? Soyez patients… ou bien procurez-vous le livre !
A l’écoute
Moi aussi, je voudrais lui poser des questions au Docteur, mais j’ose pas, je me dis.. qu’il a d’autres chats à soigner… d’ailleurs, depuis le début du COVID, je peux vous dire qu’il ne dort pas beaucoup cet humain au grand cœur ; il y a tant d’animaux à aider.
Demain j’oserai, je lui poserai des questions.
A bientôt
Très bien, cher.e.s lecteur.trice.s, reculons à pas de loups et sortons. Hi hi… vous voyez la scène ? un lézard qui marche à pas de loups !
On se retrouve pour la suite de la visite dans quelques jours ?
a plusss,
jazz le lézard
la photo a été prise en janvier 2023 au Zoo de Trivandrum par Rinku Raj Mattancheriyil, Photo-journaliste, kerala
All about George #3
From the annals of the book by Claire Le Michel
Today, an encounter with one of the characters of the book that you might really meet in Trivandrum Zoo (or Thiruvananthapuram for those in the know …)
Who is it ?
I will let you find out for yourself. Just follow me…
Dear readers, we are going to have to be very quiet. One behind the other, and on tiptoe please, we are about to arrive.
Ah, there it is! Shh
Not easy to treat a lion. Even if the beast is asleep, I will not risk approaching.
Human being
Here is the nicest character in our story: the Doctor.
The Doctor is a man, but not just any man. He is the chief veterinary surgeon of Trivandrum Zoo. Class huh!
He lives just next to the zoo and from his terrace he hears the animals talking to him at night.
Dialogue between species
In the book, George says « good night » to him every night.
The Doctor doesn’t speak the language of animals, much to the chagrin of the lioness Gracie, but he is still the one who understands them best.
It seems that the Doctor is even a good friend of Carbon Crow! Ah… you don’t know who Carbon Crow is? Be patient… or get the book!
Always listening
I, too, would like to ask the doctor questions, but I dare not, I tell myself… that he has other cats to take care of… besides, since the beginning of COVID, I can tell you that he doesn’t sleep much, this human with a big heart; there are so many animals to care for.
Tomorrow I will dare, I will ask him questions.
See you soon
All right, dear readers, let’s step back as quietly as a wolf and get out of here. Whey hey!… See that ? A lizard that walks like a wolf!