All about George #2

All about George #2

Chronique du livre de Claire Le Michel

Aujourd’hui, dans ma chronique d’animal sur un récit animé, je vais vous présenter le personnage principal du livre bilingue Le mystérieux carnet de Mr Carbon Crow, publié aux éditions Le Verger des Hespérides.

Commençons par celui dont on raconte l’histoire : Georges (dit George, en anglais)

Qui est-il ?

C’est le héros , oui !

Georges… Un grand gaillard celui-là. Un costaud.Georges est né sauvage. Il aimait courir dans la forêt et chasser, solitaire. Georges est un tigre, un digne représentant de cette espèce.

Devenir vieux

Un jour, Georges s’est retrouvé très mal en point. Il aurait pu y passer ! Imaginez-vous ! Amoché et chassé de son territoire par un autre tigre, avec un microbe vivant dans son estomac, le vieux félin n’eut pas d’autre choix que de chasser le bétail d’un village. 

Bientôt on l’attrapa, et on le confia au Docteur du zoo de Trivandrum. Il vint à bout du microbe, soigna Georges de ses blessures, et prit soin de lui tous les jours. Il était tellement doux que Georges, tigre libre, finit par s’habituer à sa présence. 

Vivre au zoo

Georges est vieux, il a mal partout, et dans le zoo, il n’y a pas grand chose à faire. Alors, il terrifie sa voisine, la lionne Gracie. Il en apprend aussi beaucoup sur les hommes grâce à Carbon Crow.

Ce que je peux vous dire, c’est que Georges a du mal à comprendre ces marcheurs sur deux pattes ! Alors il râle et ça fait un bruit… mais un bruit… à réveiller les hippopotames !

Disparition/apparitions

En décembre dernier, Georges nous a quittés. Maintenant qu’il n’a plus de corps, je l’imagine libre à nouveau : il court partout, au-delà des barreaux et des frontières.

Vous pourrez peut-être le voir caché dans le paysage… mais n’ayez crainte !  il vient juste vous rendre visite. L’esprit de Georges, quand il apparaît, vient vous parler de liberté.

Il vient vous dire que de la vie sauvage est tellement belle quand elle est préservée.

Moi aussi, jazz le lézard, je vous le dis… je vous le siffle même !

A suivre

Pour en savoir plus, vous pouvez lire le livre en le commandant auprès de la maison d’éditions ou en envoyant un message sur ce site à l’autrice. Il coûte 18 euros + les frais de port. Et si Claire me laisse faire, je pourrai peut-être vous faire ma dédicace de lézard !

Sinon, à bientôt pour la suite de la visite du zoo et la présentation des personnages.

A plussssssssss

jazz le lézard 

Journal d’une résidence à l’école #2

Journal d’une résidence à l’école #2

en résidence à l’école

Depuis Octobre je suis en résidence au collège La Fontaine de Thénezay, sur la Communauté de communes de Parthenay-Gâtine.

Il s’agit d’un dispositif de soutien aux auteur.es du CNL-Centre National du Livre : je reçois une bourse du CNL pour mon projet d’écriture et le cycle d’atelier que j’anime avec une classe, l’équipe du collège m’accueille dans ses locaux et donne une visibilité à mon travail d’auteure.

à la campagne

Thénezay est un village des Deux-Sèvres entouré de bois. Le collège donne sur des champs. Il y a un petit jardin dans l’enceinte du collège où les végétaux sont en liberté, seulement guidés, pour pouvoir être observés. On y trouve un hôtel à insectes, une mare… tout ce qu’il faut pour que les animaux des alentours s’y sentent bien.

Je suis accueillie dans la classe de 6ème Newton dont la professeure principale est Marie Courtecuisse. Nous nous connaissons car, il y a deux ans, en plein confinements, Marie prenait le pari de suivre mon travail d’écriture en cours de L’Histoire de Georges, que je publiais sur internet. Nous venons de célébrer les deux ans et demi de ce projet sur la Communauté de Communes de Parthenay-Gâtine ! Je publierai très prochainement un article en forme de rétrospective mais voici en mise en bouche, la belle proposition que Marie a réalisé avec sa classe en 2020-2021.

écrire

Cette année, avec ses élèves, pour guider l’écriture, nous avons deux maîtres-mots : « point de vue » et « relation ». J’accompagne la classe vers l’appropriation de ces notions. Dans leurs écrits, les élèves tentent de se mettre à la place de ce grand A U T R E qu’est l’animal. Marie nous a proposé une entrée en matière intime et sensible. Car Marie a rencontré une pie. Rencontre de hasard… Mais qui a dit que le hasard existait ? Pendant 5 mois, Marie a appris à connaître une pie et elle nous a invités dans l’intimité de cette découverte mutuelle.

Cet événement, la rencontre avec un animal non domestiqué, a posé les fondations de l’atelier en donnant un cadre fort, émotionnel, réel où inscrire nos histoires inventées. Les élèves ont été investis immédiatement dans l’écriture et sont entrés de plein pied dans le sens de « la relation ».

Je cherche à leur transmettre comment « écrire avec le réel ». En effet, pour écrire avec les animaux, nous exerçons un va-et-vient constant entre observation et imagination. Nous exerçons notre curiosité, devenons experts de l’animal choisi et cherchons même à nous relier à cet être-là, en pensée, à imaginer ses perceptions (nous avons même essayé la méditation guidée !).

notre horizon

Écrire pour la radio web que le collège vient de créer. Bientôt les récits d’animaux prendrons corps à travers les voix des élèves. Humour et fantaisie seront au rendez-vous.

Journal d’une résidence à l’école #1

Journal d’une résidence à l’école #1

Ce 3 octobre, j’ai commencé une « résidence à l’école » au Collège de Thénezay dans les Deux-Sèvres, car, pour ma plus grande joie, j’ai reçu une bourse d’écriture du CNL (Centre National du Livre). Je peux ainsi poursuivre mon travail d’écriture sur les animaux et mener un atelier d’écriture créative avec des élèves sur le même sujet ! Je suis les animaux où qu’ils se trouvent depuis longtemps… mais c’est la première fois que je vais emmener un groupe sur leur piste.

Les animaux m’entourent : dans la réalité, dans mes rêves… A force, ils se sont glissés dans mes fictions. Chaque jour ils m’enseignent. Ils m’enseignent sans parler, par leur posture, leurs comportements. Ils m’enseignent avec constance, avec la sobriété, la force, la souplesse des maîtres de Tai Qi. Et parfois leur ruse amusée. La présence des animaux est à la fois fugace et répétée. Ils jouent avec mes sens et avec mes certitudes. Je parle des animaux familiers mais aussi des animaux sauvages, de tous ceux qui ne sont pas domestiqués : oiseaux, écureuils, chevreuils, vaches (domestiques, les vaches? ça dépend de leurs conditions de vie, de leur « culture »). Mais aussi lézards, serpents, insectes et tant d’autres qui habitent là, juste à côté de moi, à côté de nous.

Lorsque je crois les saisir, ils se sauvent. Me voici les mains vides et la pensée confuse. Une toute petite voix me souffle alors : « Patiente. Observe. Ou mieux, infuse ! » Mais comment infuser avec une classe ?

Ce 3 octobre, à Thénezay, j’ai rencontré les élèves de la 6ème Newton accompagné.es de leur professeure Marie Courtecuisse, que je connais par le magnifique travail pédagogique qu’elle a réalisé en 2020 sur L’Histoire de Georges alors en cours d’écriture.

C’est par une lecture de L’Histoire de Georges que j’ai introduit nos séances d’écriture. Le héros du récit est un tigre, Georges, et le narrateur – une pie. Oui, dans ce texte, les animaux s’expriment en utilisant nos mots mais non, ce n’est pas d’une fable et les animaux n’y représentent pas des humains. Ils prennent la parole en leur nom. D’ailleurs ils existent ces animaux-là : nous nous sommes vus, nous sommes entrés en relation.

Ce 3 octobre, avec les enfants, on parle de changer de point de vue. On découvre que c’est une pratique de déconstruction. C’est bouger les habitudes de pensées comme on bouge des meubles. C’est se mettre dans le corps de l’autre, dans sa compréhension du monde à travers son corps. On découvre que c’est ardu de se mettre à la place de l’autre, quasi impossible. Alors on appelle l’imagination à la rescousse, la poésie aussi – si puissante pour trouver un langage à l’inconnu – et l’humour qui nous sauve de tout, toujours.

Ce 3 octobre, avec les Newtons du collège de Thénezay, après les présentations d’usage, nous allons dans le jardin. Le collège a un jardin qui pousse en toute liberté, c’est une chance ! Nous allons pouvoir écrire à partir du réel : le monde est là, à portée de mains, à portée de mots.

Journal #1

Journal #1

« Si un jour,
une pierre te sourit,
iras-tu le dire ? »

Guillevic

J’ai aimé ce poème. (Merci M.)
Puis j’ai pensé : une pierre m’a souri, des pierres m’ont souri… et je ne l’ai pas dit.

Pourtant j’ai envie de le dire, j’ai envie de courir pour le dire.

Septembre – première hutte de sudation.
Menés par la voix tendre et puissante de notre guide-louve, nous passons les portes des directions, en commençant par l’Est. Chaque Esprit de chaque direction vient nous ensemencer le cœur de nos propres histoires et de celles du Monde. Ce sont les ancêtres pierres qui content.

Nos grand-mères et nos grands-pères, les pierres.

Jamais auparavant je n’avais considéré les pierres avec tant d’intimité. Ivres de la chaleur du grand feu, elles sont entrées, une par une. Plus de trente pierres. A chaque porte, une nouvelle assemblée minérale a apporté le poids de sa présence.

Dans l’obscurité du ventre où nous étions, leurs sourires rougeoyants ouvraient des espaces tendres, des gouffres apeurés, des blessures anciennes comme le début du monde.
Toujours la voix-louve nous portait, toujours la terre nous accueillait, elles nous guidaient vers la transformation et les pierres éteignaient peu à peu leur sourire transmis à notre chair – qui est la forme en mouvement que prend notre esprit.

Depuis je regarde les pierres. Je les regarde en face. Droit dans leur sourire.