Ce 3 octobre, j’ai commencé une « résidence à l’école » au Collège de Thénezay dans les Deux-Sèvres, car, pour ma plus grande joie, j’ai reçu une bourse d’écriture du CNL (Centre National du Livre). Je peux ainsi poursuivre mon travail d’écriture sur les animaux et mener un atelier d’écriture créative avec des élèves sur le même sujet ! Je suis les animaux où qu’ils se trouvent depuis longtemps… mais c’est la première fois que je vais emmener un groupe sur leur piste.

Les animaux m’entourent : dans la réalité, dans mes rêves… A force, ils se sont glissés dans mes fictions. Chaque jour ils m’enseignent. Ils m’enseignent sans parler, par leur posture, leurs comportements. Ils m’enseignent avec constance, avec la sobriété, la force, la souplesse des maîtres de Tai Qi. Et parfois leur ruse amusée. La présence des animaux est à la fois fugace et répétée. Ils jouent avec mes sens et avec mes certitudes. Je parle des animaux familiers mais aussi des animaux sauvages, de tous ceux qui ne sont pas domestiqués : oiseaux, écureuils, chevreuils, vaches (domestiques, les vaches? ça dépend de leurs conditions de vie, de leur « culture »). Mais aussi lézards, serpents, insectes et tant d’autres qui habitent là, juste à côté de moi, à côté de nous.

Lorsque je crois les saisir, ils se sauvent. Me voici les mains vides et la pensée confuse. Une toute petite voix me souffle alors : « Patiente. Observe. Ou mieux, infuse ! » Mais comment infuser avec une classe ?

Ce 3 octobre, à Thénezay, j’ai rencontré les élèves de la 6ème Newton accompagné.es de leur professeure Marie Courtecuisse, que je connais par le magnifique travail pédagogique qu’elle a réalisé en 2020 sur L’Histoire de Georges alors en cours d’écriture.

C’est par une lecture de L’Histoire de Georges que j’ai introduit nos séances d’écriture. Le héros du récit est un tigre, Georges, et le narrateur – une pie. Oui, dans ce texte, les animaux s’expriment en utilisant nos mots mais non, ce n’est pas d’une fable et les animaux n’y représentent pas des humains. Ils prennent la parole en leur nom. D’ailleurs ils existent ces animaux-là : nous nous sommes vus, nous sommes entrés en relation.

Ce 3 octobre, avec les enfants, on parle de changer de point de vue. On découvre que c’est une pratique de déconstruction. C’est bouger les habitudes de pensées comme on bouge des meubles. C’est se mettre dans le corps de l’autre, dans sa compréhension du monde à travers son corps. On découvre que c’est ardu de se mettre à la place de l’autre, quasi impossible. Alors on appelle l’imagination à la rescousse, la poésie aussi – si puissante pour trouver un langage à l’inconnu – et l’humour qui nous sauve de tout, toujours.

Ce 3 octobre, avec les Newtons du collège de Thénezay, après les présentations d’usage, nous allons dans le jardin. Le collège a un jardin qui pousse en toute liberté, c’est une chance ! Nous allons pouvoir écrire à partir du réel : le monde est là, à portée de mains, à portée de mots.